Les actifs intangibles constituent des leviers makeurs de création de valeur et de compétitivité. Ils sont souvent négligés à tord.
Il y a les actifs tangibles de l’entreprise qui figurent au bilan… et puis les autres qui, souvent, n’y figurent pas et dont la valeur, pourtant, est loin d’être négligeable. « Avec la transformation digitale, les éléments immatériels gagnent en proportion dans la valorisation de toutes les entreprises. On estime ainsi que les actifs immatériels représentent près de 80 % de la valeur des sociétés numériques », explique Philippe Cotelle, administrateur de l’Amrae, qui participe actuellement à des travaux de recherche sur la valorisation et l’assurabilité des actifs intangibles (avec la Fédération française d’assurance et l’Apref, sous l’égide de l’IRT System X).
Concrètement, le « capital immatériel » de l’entreprise est constitué de ses compétences et connaissances accumulées, mais aussi de ses process, de sa réputation, de ses marques, de la fiabilité de ses systèmes d’information, de sa capacité d’innovation, ou encore de la qualité de ses relations avec ses clients et partenaires, voire de son respect des engagements sociétaux et environnementaux. Bref, autant d’éléments qui participent à la création de la valeur de l’entreprise, sur le long terme, comme à sa valorisation.
« Quand on compare la valeur de deux sociétés, il faut aller au-delà des éléments strictement financiers et tenir compte de leur capacité à se développer de façon durable : ce sont des éléments immatériels, mais néanmoins très concrets, qui vont permettre de déterminer la valeur des sociétés en choisissant, par exemple, le multiple approprié de l’excédent brut d’exploitation à prendre en compte », explique Céline Chicot, directrice associée conseil chez GMBA.
Un outil pour évaluer ses ressources immatérielles.
Pourquoi s’en préoccuper en dehors de tout projet de vente ? Tout d’abord pour avoir une vision objective et complète de ses forces et faiblesses. « En développant une vision à 360° des ressources matérielles et immatérielles de son entreprise, le dirigeant peut ajuster son plan stratégique et prendre les bonnes décisions, poursuit Céline Chicot. Beaucoup d’entreprises sont aujourd’hui confrontées à une guerre des talents : elles pourront séduire davantage en travaillant sur leur ‘capital humain’, c’est-à-dire sur leur capacité à motiver les personnes, leurs plans de formation, la façon de transférer son savoir-faire ou encore les capacités managériales de ses dirigeants. »
Les éléments de valeur immatériels peuvent aussi être pris en compte dans certaines négociations. « S’il est correctement reconnu et estimé, le capital immatériel peut rassurer les fournisseurs et les clients de l’entreprise, voire convaincre les banques d’accorder plus facilement un financement, en s’appuyant sur des outils partagés », estime ainsi Jo-Michel Dahan, sous-directeur des entreprises de services et des professions libérales à la Direction générale des entreprises (DGE). C’est aussi un élément à considérer dans sa gestion des risques. « Il faut discuter avec son assureur de la façon de couvrir ce capital immatériel », ajoute Philippe Cotelle.
En pratique ? Beaucoup de réflexions sont en cours. Mi-novembre, la 8e « Journée nationale des actifs immatériels », organisée par l’Observatoire de l’immatériel s’était donnée pour thème « L’immatériel : mission de l’entreprise et nouvelle responsabilité du dirigeant ».
Source de l’article : Cécile DESHARDINS, « Capital immatériel : jusqu’à 80 % de la valeur d’une entreprise numérique », Les Echos Entrepreneurs